« Agir pour le développement durable ». Le pari lancé par le Comité européen du groupe Solay est aujourd’hui traduit dans les établissements dans une démarche qui associe les syndicalistes et la direction. La FCE-CFDT s’est rendue sur place. Récit.
Février 2009. C’est à l’invitation de l’équipe CFDT de l’usine Solvay de Tavaux que la fédération s’est rendue sur le site pour constater ce qui se fait, tant sur place que dans le groupe pour le développement durable.
Entreprise internationale, Solvay compte quelques 28 000 salariés dans le monde et 1 450 à Tavaux. Au cœur du Jura, l’usine dispose d’ateliers d’électrolyse qui, des 600 000 tonnes de sel utilisés annuellement et du million de mégawatts/heure consommés (autant qu’une ville de 200 000 habitants), sortent notamment 360 000 tonnes de chlore et 400 000 tonnes de soude caustique.
Qu’est-ce que le développement durable ? C’est en 2005 que le comité d’entreprise européen avec son secrétaire CFDT mettent le sujet à l’ordre du jour. En mai 2007, deux journées de travail rassemblent les représentants des salariés et ceux de la direction. La problématique du développement durable est cernée. Le constat est fait : l’avenir se pose en termes d’inégalités sociales, de risques industriels et sanitaires, de changement climatique et de menaces sur la biodiversité. Mais au-delà, il s’agit de donner une suite à ces réflexions. Trois axes sont retenus.
Le premier est d’engager une démarche de sensibilisation des salariés ; le second concerne le démarrage d’un programme pour l’emploi des jeunes les plus défavorisés, le troisième est de lancer un challenge énergie.
En décembre 2007 des « forums de sensibilisation » sont organisés dans les différents sites. La sensibilisation, les animateurs y tiennent car il ne s’agit ni de formation, ni de gava ge d’idées ou de prêt à penser.
Les forums réunissent une quinzaine de salariés, de l’ouvrier au cadre lors d’une journée qu’animent un membre de la hiérarchie et un représentant des salariés (issu d’une organisation syndicale). Et chacun prend la mesure du développement durable ainsi résumé « il s’agit de répondre aux besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les générations à venir de satisfaire les leurs ». Tout un programme !
Une journée bien remplie. Pour la délégation fédérale, le déplacement à Tavaux est aussi l’occasion d’une visite des différents ateliers et services. Ainsi le silence et le magnétisme ambiant dans la salle d’électrolyse et la rencontre des salariés dans les salles de contrôles et ateliers de production.
Mais les temps les plus marquants de cette journée sont les moments consacrés aux présentations des contenus et au déroulement des forums. Curiosité et agréable surprise que le choix de la co-animation paritaire, y compris dans le cadre de travaux au sein du comité d’entreprise européen.
Le travail de sensibilisation se traduit par la mise en place de dispositifs permettant une meilleure gestion des déchets, dans les ateliers et les services administratifs. Mais c’est aussi l’élaboration du projet « biomasse ». Un projet qui vise à faire passer la fourniture énergétique du combustible fossile (un charbon qui vient d’Afrique du Sud) vers un combustible alternatif. Le choix s’est porté sur la biomasse (le bois). Outre l’évolution de la chaudière qui permettra d’avoir de meilleurs résultats en termes de rejets de CO2, c’est aussi la mise en place d’une logistique de récupération du bois, y compris auprès des sylviculteurs. Au total, cette évolution entraînera la création d’une cinquantaine d’emplois dans un rayon de 150 kilomètres autour de l’usine.
La fce-cfdt et le développement durable
Lors du premier congrès fédéral tenu à Lyon en 1997, la question du développement durable est abordée. Elle devient l’élément central des congrès de Tours et Amnéville. Depuis le congrès de Clermont-Ferrand en 2008, la résolution en a fait un élément transverse, au cœur du plan de travail fédéral : politique industrielle ; responsabilité sociale des entreprises ; environnement ; l’emploi et un travail de qualité. Le groupe de travail fédéral rappelle que le développement sera d’autant plus durable qu’il fera l’équilibre entre le social, l’économique et l’environnemental. Et la responsabilité sociale des entreprises (RSE) ne prendra sa véritable dimension qu’au travers des accords dont l’application sera suivie paritairement.
